Il n’y a donc aucune idée qui soit de gauche ou de droite. Au contraire, historiquement, les idées politiques voyagent dans le champ des sensibilités politiques, toujours de la gauche vers la droite.
Le pouvoir
« L’exercice fort du pouvoir (Command and control) bride les individus dans leurs capacités de création individuelle et collective. Dissoudre un tel pouvoir est loin d’être évident bien sur. Questionner la légitimité et l’efficacité de l’organisation hiérarchique est un débat important, notamment chez les libéraux et les anarchistes, qui ne date pas d’hier. Pour moi aujourd’hui, le meilleur point de départ pour comprendre le pouvoir est l’éthique de Spinoza et son chapitre IV et V sur la servitude. Frederic Lordon en fait une synthèse accessible dans son livre Capitalisme, désir et servitude, spécialement sous forme vectorielle. Il y paraphrase Spinoza qui décrivait comment chaque individu est habité par un désir-propre ou conatus (ce à quoi l’individu aspire de lui-même) mais qu’il est soumis à un désir maître (ce qu’un autre veut que l’individu fasse). Lordon caractérise l’angle qui sépare la force des deux formes de désirs, et plus cet angle est à l’opposé du conatus, plus le désir-maître imposé est en complète contradiction avec ce que veut l’individu. Il l’appelle par convention “l’angle alpha”. Par exemple, un désir-propre assez répandu consiste à jouir de sa liberté de mouvement, ainsi une autorité qui viendrait mettre cet individu en prison à perpétuité vient s’opposer à 180° à lui. Mais “l’angle alpha”, aussi grand soit-il ne fait pas tout, c’est la force de l’un et de l’autre désir qui compte également. Une autorité peut bien vouloir vous mettre en prison à perpétuité, mais si il n’a ni police, ni prison, ni aucune espèce de pouvoir pour vous l’imposer, il est possible de continuer à jouir de sa liberté de mouvement sans contrainte. »
« Cette vision s’oppose à une vision classique du pouvoir qui nous vient du magnifique texte d’Etienne de la Boétie Le discours sur la servitude volontaire, où l’auteur stipule que c’est parce que les individus le veulent bien, que le pouvoir s’exerce.
« Or ce tyran seul, il n’est pas besoin de le combattre, ni de l’abattre. Il est défait de lui-même pourvu que le pays ne consente point à sa servitude. Il ne s’agit pas de lui ôter quelque chose, mais de ne rien lui donner. »
Selon Spinoza, un individu suit son conatus et la déviation par rapport à son aspiration ne peut que venir de l’extérieur. Ainsi, le pouvoir n’est pas juste le fait “qu’il y a un policier dans nos tête : et qu’il doit être détruit” pour reprendre ce slogan attribué à Marcuse dans le documentaire d’Adam Curtis, The century of self. Non, le pouvoir ne semble pas être juste une affaire psychologique, un auto-contrôle à désamorcer, le pouvoir s’exprime concrètement par des individus qui soumettent d’autres à leur volonté. En d’autres termes, il y a VRAIMENT des policiers dans les rues. »
« La critique du pouvoir pour sa dissolution progressive a donc deux mamelles : saper et critiquer. Saper, parce qu’il faut constamment réduire autant que possible la pression qu’exerce diverses instances de pouvoir, et critiquer, parce qu’on ne doit jamais s’arrêter de se questionner sur soi pour savoir ce à quoi l’on aspire. »
(http://jardinons.wordpress.com/2014/04/03/du-pouvoir/)
Le pouvoir fragilise la pensée
« Chaque fois qu’un parti de gauche arrive au pouvoir, il se fragilise. […] Outre qu’il a dû fournir des cadres au gouvernement et aux différents ministères dont il a pris les rênes à partir de 2003, le Parti des travailleurs (PT) de Mme Rousseff et de M. Lula da Silva a vu ses forces siphonnées au niveau local. Il comptait 187 équipes municipales en 2000 et 559, soit trois fois plus, en 2008. Certes, il recrute de nouveaux militants, mais dans un contexte où la formation des cadres « se rabougrit progressivement autour de questions pratiques : comment gérer un mandat ? comment légiférer ? comment communiquer sur ses politiques publiques (3) ? », se désole M. Valter Pomar, du PT. Conséquence, selon M. Marco Aurélio Garcia, conseiller spécial aux affaires internationales de la présidence brésilienne : « Nous avons perdu le contact avec la société, nous avons arrêté de réfléchir et nous nous sommes bureaucratisés (4). » Bref, le PT ne parvient plus à mobiliser, notamment auprès d’une jeunesse revendicative qui n’a pas connu les grandes batailles du parti avant son arrivée au pouvoir. »
« les mandats transforment parfois les militants : « Au nom de la “gouvernabilité” du pays, ils nous expliquent désormais qu’on ne peut pas faire ci, qu’on ne peut pas faire ça… » Lorsque la tactique — concevoir les élections comme une étape vers la transformation du monde — se mue en stratégie — adapter ses convictions à l’objectif électoral —, l’ambition politique s’effiloche. »
« Il arrive ainsi que l’accroissement du niveau de vie, principale réussite de la gauche latino-américaine avec le renforcement de la démocratie, favorise certains retournements. A la veille du premier tour de l’élection présidentielle argentine, en octobre 2015, les réseaux sociaux progressistes diffusaient un graphique intitulé « Les cycles économiques de l’Argentine ». Le schéma présentait les différentes étapes d’un processus circulaire : 1. « La droite détruit les classes moyennes » ; 2. « Les classes moyennes paupérisées votent en faveur d’un gouvernement populaire » ; 3. « Elu, ce gouvernement améliore le niveau de vie des classes moyennes » ; 4. « Les classes moyennes s’imaginent qu’elles font partie de l’oligarchie et votent à droite ». Retour à la case départ. »
Un premier exemple: « bien que timides, les politiques du PT ont transformé une fraction du mouvement en petits paysans installés. Leur radicalité s’est émoussée dès lors qu’ils avaient autre chose à perdre que leurs chaînes. Le rêve d’une « société de propriétaires » promu par les conservateurs repose-t-il sur autre chose ? »Un deuxième exemple: une jeune femme d’un quartier populaire qui incarne « la catégorie de la population qui a le plus bénéficié des politiques redistributives ambitieuses du gouvernement. « Avant, je vivais dans la misère. C’est grâce à Chávez que j’en suis sortie », confirme-t-elle. Avant d’ajouter, comme une évidence : « Maintenant que je ne suis plus pauvre, je vote pour l’opposition. » »
Explication de M. Valter Pomar: « Il y a plusieurs façons d’accroître le niveau de vie des gens. Ce que nous avons fait au Brésil, c’est augmenter la consommation, ce qui a accru leur soumission aux logiques de marché. […] Ce n’est pas comme cela qu’on développe la conscience politique. Il aurait été plus efficace de construire des services publics. Mais il aurait fallu augmenter les impôts, et donc affronter la bourgeoisie. »
(https://www.monde-diplomatique.fr/2016/01/LAMBERT/54462)
La démocratie
« Il est clair que le fait d’élire des dirigeants périodiquement ne garantit en rien que l’ensemble de leurs décisions soient en effet conformes à l’esprit de la démocratie. Il faut donc nous donner des instruments de pensée qui nous permettent d’apprécier le degré de non-respect, de déviation ou de perversion de la démocratie. La démocratie reste-t-elle démocratique lorsqu’elle devient oligarchique, ploutocratique, technocratique, bureaucratique, populiste, etc. ? Sans doute peut-elle le demeurer. L’intérêt du concept de totalitarisme, c’est qu’il désigne un point limite au-delà duquel, partis d’une exigence de démocratie et même de démocratie radicale, on se retrouve clairement dans une réalité qui n’a plus de rapport avec la démocratie. Non plus seulement une démocratie corrompue ou affaissée, mais autre chose. N’ayant pas d’autre idéal concevable que l’idéal démocratique, il nous faut le prendre au sérieux, repérer et dénoncer tout ce qui l’affaiblit »
(Malaise dans la démocratie, revue du MAUSS)
Alioune Tine, directeur d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et Centrale, à propos de l’enjeu de la democratie
« Il faut une équité dans la gestion des ressources. Il ne faut pas que ce soit un groupe, un clan ou une famille qui gardent tout. Les autres vont demander d’une façon ou d’une autre leur part du gâteau. Soit vous changez pacifiquement par des élections transparentes dont les résultats sont acceptés, et si vous ne le faites pas, vous ne pouvez espérer bénéficier d’une stabilité dans la durée »
Tirage au sort et politique
La politique est par nature une affaire de compétition: si elle n’est pas une compétition des individus, comme dans les régimes représentatifs dégénérés, elle est celle des idées.
Amener le tirage au sort comme mode d’élection permet d’éviter qu’une élite politique se développe, et de favoriser l’avènement d’une représentativité sociologique.
Opinion politique
Par les valeurs, c’est le milieu de socialisation qui définit les opinions politiques.
Occuper l’espace des valeurs, c’est donc influencer l’orientation politique.
La question est simple: sur quoi s’appuie les partis dominants pour occuper l’espace?
Pour une gouvernance collective
Buts: limiter les prises de pouvoir, la starisation, la bureaucratisation, la hierarchisation autoritaire.
Moyens: privilégier le dialogue, la subsidiarité, la délégation du pouvoir subi ordonné et temporelle, la polyvalence et la transparence
Concepts et auteurs à approfondir
- entreprise libérée
- Intelligence collective
- Sociocratie
- Gerard Endenburg
- Jo freeman: https://infokiosques.net/lire.php?id_article=2
- Convivialisme: http://www.lesconvivialistes.org/societe-civique/les-reseaux-amis-2